Mascha Sosno a été chargée de concrétiser l’œuvre imaginée par son époux.
Elle prépare par ailleurs un hommage qui lui sera consacré cet été.
À l’école de Nice, il y a eu de très grands noms: Arman, César et Sosno sont les trois plus célèbres. Des sculptures d’Arman et de César, Antibes en possède sur la terrasse du château Grimaldi-Musée Picasso. Mais pas de Sosno. Alors Jean Leonetti qui s’était lié d’amitié avec le sculpteur niçois, créateur de l’art de l’oblitération, a demandé à Sacha Sosno de lui créer une sculpture qui devait être installée sur le parvis du Palais des congrès de Juan.
Fou de jazz, l’artiste a griffonné un saxophone sur un bout de papier, puis a finalisé le projet avec un infographe. Malheureusement, il est décédé le 3 décembre 2013 sans avoir pu réaliser lui même cette œuvre. Six ans plus tard, Mascha Sosno, sa veuve, a réalisé la dernière volonté de l’artiste en créant un saxophone monumental que la Ville a acquis 200 000 euros. L’œuvre sera installée le 23 juin prochain, non pas au Palais des congrès, mais dans la Pinède.
Dans le même temps, la municipalité rendra hommage à Sosno en organisant, cet été, une rétrospective d’œuvres monumentales disséminées au Pré-des-Pêcheurs, dans le vieil Antibes et à Juan.
D’où est venue l’idée de ce saxophone ?
D’un souhait de Jean Leonetti. Il aimait beaucoup Sacha et venait souvent le voir dans son atelier. Il était à ses côtés lorsqu’il était malade. Les deux hommes se sont beaucoup parlés. Le maire voulait vraiment qu’il crée une très belle sculpture pour Juan. Il lui a donné carte blanche. Un jour, Jean Leonetti est venu chercher Sacha et l’a amené devant le Palais des congrès. Il lui a fait visiter les lieux. Il voulait installer une sculpture sur le parvis. Sacha trouvait l’idée plutôt bonne. Alors il s’est amusé à griffonner un dessin. Un saxophone. On a beaucoup parlé ensemble de ce projet. Le jour de l’enterrement de Sacha, Jean est venu me voir. Il m’a dit : je veux absolument faire cette sculpture. Alors je lui ai fait un devis. À l’époque la Ville n’avait pas assez d’argent pour financer le projet. Moi, j’avais des soucis de succession. J’ai dû vendre ma maison pour les régler. Puis le maire m’a téléphoné l’an dernier en me disant qu’il avait l’argent pour fabriquer cette sculpture. On a finalisé le projet.
Est ce que votre mari est vraiment l’auteur de cette sculpture ?
Il est l’auteur du croquis. Je vous l’affirme. Ensuite c’est l’atelier Sosno qui va la réaliser. Sacha aurait tant voulu proposer lui-même ses dessins au maire. Une collaboratrice de l’atelier avait travaillé avec lui le projet sur l’ordinateur. Tout était prêt pour réaliser cette sculpture de dix mètres de haut. Mais finalement il a fallu la réduire à 5,50m en comptant le socle. Parce qu’un architecte des bâtiments de France avait refusé le premier projet Le maire a insisté et a représenté le projet à son successeur. Ce dernier a dit oui. Dans le même ordre d’idée, l’atelier a créé deux autres sculptures d’après des esquisses de Sacha pour la deuxième ligne du tramway à Nice. Il les avait dessinés avant de mourir. Je suis très contente de concrétiser les derniers projets de mon époux. C’était son rêve de faire une sculpture en hommage au jazz ici. Parce qu’il aimait cette ville et cette musique. Vraiment.
La couleur, jaune, c’est aussi lui qui l’a choisi ?
Oui. Il est l’auteur du visuel qu’il a réalisé avec l’aide d’une infographiste. C’est son travail. Simplement on ne pourra pas signer cette œuvre Sosno. Parce qu’il est mort.
Comment saura-t-on que ce saxophone est de lui ?
Il y aura une plaque, je pense, avec le titre de l’œuvre et la mention Sacha Sosno 1937/2013. Mais je crois que j’ai le droit de signer l’œuvre pour Sacha. Il avait dessiné le saxo. C’est son œuvre. Nous sommes en train d’étudier avec des avocats, ce que nous pouvons faire. Sosno a toujours travaillé avec des entreprises de découpe de l’acier par exemple. On a respecté son travail et sa volonté pour réaliser toutes ces œuvres post-mortem. J’ai fait appel à une usine sérieuse pour la réaliser. Ce saxo a été découpé à Nice par un atelier. J’ai failli aller en Italie pour tout réaliser. Mais je me suis dit qu’il fallait que cela reste dans la région. Ce saxophone sera bien celui de Sacha. Un bien bel hommage en tout cas.
Quel sera le titre de cette œuvre ?
J’ai promis de livrer en Juin. Nous n’avons pas encore trouvé de titre pour ce travail. Les amateurs de Sosno pourront aussi acheter une lithographie de l’œuvre. Elle sera évidemment signée par un tampon de l’atelier Sosno, et numérotée à 99 exemplaires.
ROBERT YVON
Interview par Nice-Matin • 23 Mai 2018 • @ryvon@nicematin.fr
du 28 juin au 17 septembre 2018